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10 lignes à la fois : laboratoire d'écriture
15 juillet 2007

Un casse-couille

Casse-couille – bouteille – renvoyer

L'impression que Martino Buonaparte laissa sur son auditoire, lors du toast hilarant qu'il porta juste après l'ouverture du bal était bien différente de celle qu'il laissa aux quelques survivants du mariage, lorsque vers 5 heures du matin, il se cassa une bouteille sur la tête. Il était progressivement passé du statut de boute-en-train génial à celui de casse-couille.

Au début de la soirée, il enchaînait les blagues et les anecdotes, voletant d'un groupe à l'autre, que les membres du groupe lui soient connus ou non. Un peu plus tard, on le voyait danser avec les mamies, lancer des chansons paillardes ou faire semblant de draguer la mariée. Toujours un verre à la main. Mais vers minuit, ses gags n'avaient déjà plus la même saveur. Il inversait les verres des convives partis danser, renvoyait des plats en cuisine après y avoir incorporé trois poignées de sel ou poussait le DJ à passer des bourrées Limousines entre les slows.

Vers 2 heures du matin, l'heure à laquelle beaucoup étaient fatigués et pensaient à partir, il était fin ivre et, de fait faisait partir beaucoup de monde. En 15 minutes, les trois quarts des invités regagnèrent leurs pénates. Ne restaient que ceux qui s'étaient suffisamment imbibés pour s'amuser malgré la calamité ambulante qui leur tenait la jambe.

Lorsque, titubant au milieu de la scène, il s'éclata une bouteille de scotch vide sur le crâne, tout le monde dormait du sommeil du juste, dans un lit ou dans un coin de la salle des fêtes.

Yvan Serin était médecin aux urgences et complètement ivre. Il avait même dépassé le stade de l'ivresse pour accéder à celui du pré-coma, du black-out neuronal durant lequel ouvrir les yeux est  un exploit. Le bruit du verre cassé s'insinua cependant entre ses deux hémisphères avinés et réveilla en lui un réflexe professionnel. Dans une semi-conscience, il parvint à se lever de son fauteuil, à trouver le lieu de l'accident et à ausculter Buonaparte. C'est après 15 minutes de tatônnement crânien que Serin réalisa l'ampleur de la blessure de son patient de fortune et s'écria : « Il est à peine égratigné. Ce con n'est même pas fichu de se blesser sérieusement ».

Un casse-couille, je vous disais.

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Commentaires
J
Excellent comme toujours. Un régal de repasser te lire ici. @+
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